
La fracture: le tournant de ma vie
Coucou les loulous, aujourd’hui j’ai envie de vous partager un article plus personnel. Si vous me suivez sur instagram depuis longtemps, vous avez pu voir que depuis janvier 2019 je me suis blessée suite à chute à vélo. Je souffrais d’une fracture de fatigue au niveau du col du fémur. Cela fait maintenant 6 mois que j’ai pu reprendre le sport et je me suis dit que j’avais suffisamment de recul pour enfin vous en parler. Pour être honnête, cette période de blessure a été très compliquée pour moi (physiquement, moralement et professionnellement). J’ai préféré digérer la chose pour mieux vous en parler.
Fracture de fatigue? Quésaco? Comment l’identifier?
Un peu de science pour mieux comprendre cette blessure. Redoutée par tous les coureurs, la fracture de fatigue, aussi appelée fracture de stress est une fissure osseuse incomplète. Elle survient majoritairement lorsque les contraintes appliquées au niveau de l’os deviennent trop importantes et/ou répétées. Souvent, c’est parce que les structures de soutiens (tendons et muscles) ne sont plus capables d’amortir et d’absorber les chocs et l’os se fragilise petit à petit.
En gros, imaginez un crayon en bois. Si je le tors violemment, il va se casser : c’est la fracture. Maintenant, si tous les jours je le tors un tout petit peu, petit à petit, il va se fissurer : c’est la fracture de fatigue. Et évidement si je continue de soumettre ce même stress à mon crayon alors qu’il est fissuré, il finira aussi par se casser totalement. Du coup vous aurez compris, que la fracture de fatigue ne doit pas être prise à la légère. Continuer à courir avec ce genre de blessure peut entrainer une fracture totale de l’os. Et honnêtement de vous à moi, je pense pas que quelqu’un ait un jour envie de se retrouver avec des vis ou une prothèse.
Plus sérieusement, le coureur peut souffrir de pas mal de blessures. Mais la fracture de fatigue est certainement l’une des plus grave et dure à traiter. Elle est très souvent dure à identifier, et avec mon expérience je peux vous le confirmer.
La difficulté de trouver le diagnostic :
Pour revenir sur mon expérience, et comme je vous l’ai dit précédemment identifier la fracture de fatigue est très difficile et peu prendre du temps. Moi je souffrais d’énormes douleurs dans le bas du dos jusque dans le genou suite à un accident de vélo. Contrairement à la majorité, la douleur est survenue d’un coup et ne s’est pas installée petit à petit. J’ai eu la chance d’être suivi par un kiné et un médecin du sport pour être prise en charge très rapidement.
Malgré ça, il a fallu deux mois avant d’enfin identifier ma blessure. Je suis passée par une multitude d’examens (Radio, Echo et IRM des lombaires, Radio, scintigraphie, et IRM du bassin). Personne du corps médical n’avait suspecté l’éventualité d’une fracture de fatigue. Le plus dur pendant ces longues semaines, c’était de n’avoir aucune réponse, j’ai longtemps cru que j’étais folle et que tout ça était dans ma tête.
Identifier les causes :
Vous entendrez souvent que l’apparition d’une fracture de fatigue est la conséquence d’un surentrainement, d’un mauvais équipement ou d’un changement brutal d’entrainement. Ca peut être le cas oui. Mais on oublie souvent que la fracture de fatigue c’est avant tout une fracture de stress et que le corps est soumis à tellement de stress quotidiennement. J’ai longtemps culpabilisé, en m’accusant d’en avoir trop fait, d’avoir mal géré mon entrainement (c’est certainement un peu vrai mais on fait tous des erreurs hein 😉) d’être la seule responsable de cette blessure, d’être responsable de ne plus pouvoir faire de sport etc. J’étais entré dans un cercle vicieux et j’avoue que les médecins du sport ne m’ont pas aidé à penser autrement.
Mais j’ai eu la chance d’avoir une discussion avec mon kiné qui m’a bien aidé. Il m’a rappelé que notre corps est soumis à de nombreux stress tous les jours, et que parfois le sport n’était pas le seul le facteur déclencheur. Il ne faut donc pas oublier, que votre quotidien a aussi son rôle à jouer. Problèmes perso ? au travail ? de santé ? tous ces petits aléas sont aussi des stress extérieurs à prendre en compte.
En résumé l’entrainement n’est pas 100% responsable. donc faites pas comme moi, ne culpabilisez pas ça servira à rien. En plus si vous êtes une femme vous avez d’autant plus de risques d’être atteinte de fracture de fatigue (merci les hormones).
Dans mon cas c’était un mélange de tout, vie perso et professionnelle chaotique, avec pour seul exutoire le sport. Pas très sain comme mode de vie ! 🤷♀️Pour couronner le tout, j’ai découvert que j’avais un taux de vitamine D très faible (c’est à dire que mon corps n’en fabrique pas assez pour fixer le calcium sur les os et permettre le remodelage osseux).
Comment en guérir?
Déjà, même si ça coule de source, il est vraiment PRIMORDIAL d’écouter les conseils du corps médical! Et malheureusement, pas de remède miracle, juste du repos! Du coup qui dit repos dit décharge du membre. En vrai, le col du fémur est du coup plus difficile à soigner puisque qu’étant au niveau de la hanche il est sollicité pour tous mouvements, la décharge est très compliquée et nécessite le port de béquilles.
En ce qui concerne le sport, attendez l’autorisation de votre médecin avant de vouloir reprendre. Il faudra d’abord se satisfaire de sport en décharge (vélo, natation). J’ai du arrêter tout sport, pendant deux mois une fois le diagnostic posé, avant de pouvoir refaire du vélo en douceur et reprendre le renforcement musculaire du haut du corps. Si vous êtes comme moi et accro au sport, ça va etre dur, très dur, mais je vous jure vous deviendrez un maître de la patience, croyez moi!

Au niveau des soins : vous avez compris, il y a rien à faire mes petites compotes! Je vous l’ai dit la patience est maître mot. Entre vous et moi, j’avoue avoir voulu en finir au plus vite et essayé quelques remèdes coups de pouces :
- Cure de curcuma: pour son rôle anti-inflammatoire naturel
- Augmenter mon apport en calcium. Si comme moi vous mangez pas de produit laitiers, sachez qu’une cuillère à soupe de cannelle par jour peut remplacer les apport de calcium d’un pot de yaourt (1080mg/100g contre 140mg/100g).
- Cure de Vitamine D: à raison d’une ampoule tous les 15 jours au début. Puis depuis je continue à prendre une ampoule tous les 2-3 mois. (si vous êtes une femme je vous invite à vous documenter à ce sujet car je pense qu’il est important de se supplémenter en Vitamine D).
Et la reprise de la course dans tout ça?
Je me suis blessée en janvier et j’ai pu « recourir » pour la première fois en juin. 6 mois c’est long, mais la fracture du col du fémur est souvent plus longue à soignée. Et encore aujourd’hui un an après j’ai toujours quelques séquelles et je suis loin de pouvoir continuer le rythme d’entraînement que j’avais autrefois. Psychologiquement c’est dur, très dur, de passer de 4 sorties running par semaine à se déplacer en béquilles… On imagine pas pouvoir recourir.
Bref, ça a été une très longue période, mais elle m’a changé. J’ai fait d’autre chose, j’ai beaucoup appris, pris plus de temps pour moi. J’ai fait le tri dans les relation toxiques, quitter mon quotidien trop morose, appris à pratiquer le sport de façon différente. Aujourd’hui chaque activité physique est faite seulement pour le plaisir et non plus pour échapper à ma réalité. Je l’avoue aussi, la reprise était vraiment compliquée. J’avais encore le cardio grâce au vélo mais mes jambes n’étaient plus habituées, j’avais vite mal, (c’est parfois encore vrai aujourd’hui).
Dans un monde du running 2.0, où tout le monde fait la course à la performance et aux likes, je me suis vite sentie nulle. Rabaissée. Et j’ai eu beaucoup de mal à passer à autre chose. Et cela malgré le fait que j’ai pu reprendre assez vite et finir mon premier 10km au bout d’un mois. Il a fallut énormément travailler sur moi même pour retrouver un rapport au sport sain. Aujourd’hui, j’ai bien conscience que mes performances ne seront certainement jamais comme avant ça ne me pose plus de problèmes.

En conclusion
Avec le recul, meme si psychologiquement ça a été très dur, cette blessure m’a beaucoup apporté. Elle a donné un tournant à ma vie, et est arrivée certainement au moment ou il était temps de changer. Je ne crois pas aux coïncidences et je pense fortement que notre corps nous envoie des signaux d’alerte constamment qu’il faut savoir l’écouter. Sans ça, j’aurais certainement pas changer la moitié des choses qui m’empêchaient d’avancer.
Et vous, vous avez déjà été blessé au point de plus faire de sport? Comment l’avez vous vécu?
Sportivement,

